Nous avons tous été un jour confrontés à une prolifération d'algues dans nos bassins de jardin.Souvent l'action que nous envisageons d'entreprendre pour solutionner le problème est mal adaptée et donc d'un résultat décevant, faute d'avoir négligé un paramètre parfois évident. Cet article nous rappelle l'importance de certains aspects esentiels et nous donne parfois quelques astuces parfois méconnues
(Article rédigé avec des informations fournies par Aquatic-science, concepteur et fabricant de produits de maintenance qui nous donne leur avis et leurs solutions sur le sujet. )
- Les bases d'un développement
Pour survivre et se développer, les algues n'ont besoin que peu de choses: un peu de lumière et de la nourriture. La lumière, elles en ont à profusion grâce au soleil (d'où l'importance des zones d'ombre sur le bassin). La nourriture abonde également: elle est apportée par les déchets des poissons (c'est de loin le facteur N°1) mais aussi par les débrits végétaux qui atteignent l'étang. En simplifiant, on peut considérer que la nourriture donnée aux poissons équivaut à autant d'engrais pour les algues. Lorsqu'on nourit, il est donc exceptionnel de ne pas avoir de problème d'eau verte ou d'algues filamenteuses.
Il y a plusieurs points qu'il est essentiel de respecter. Si il sont négligés, il est illusoire d'espérer un bon résultat. Si l'équilibre entre les apports et l'épuration est rompu, si le recyclage ne peut se faire faute d'un environnement inadéquat, inutile de tenter produits, nettoyage ou même vidange. A court terme, la situation aboutira dans la même impasse. Avant toute intervention, il faut s'interroger sur quelques recommandations reprises ci-dessous, il est pratiquement certain que la solution s'y trouve....
- Contrôler la filtration ?
Un bassin, tel que nous le concevons, est un milieu essentiellement fermé. Seule une faible proportion de la matière organique que l'on y apporte sera évacuée. Le reste aura tendance à s'accumuler rendant la situation rapidement incontrôlable. Il a donc fallu développer des trésors d'ingéniosité pour éliminer et recycler ces déchets. Le marché offre une gamme très large de filtres,pompes,UVc, produits,... qui permettent de maintenir une qualité d'eau viable pour les poissons et un bassin agréable pour celui qui en profite.
Les bassins où le contrôle des algues semble impossible ont souvent un défaut de filtration ou un excès de poissons.
Mais il ne faut pas rêver, pour ressembler au superbe bassin des magasines, votre bassin n'aura une telle qualité que si la conception est optimale et l'entretien régulier. La surpopulation ou le manque d'équipement est problament à l'origine de la grande majorité des problèmes. Si on veut voir évoluer des poissons dans une eau de qualité, inutile d'essayer d'économiser sur la filtration.
Lagunes, filtres à chambres,bactériologiques,mécaniques ou mixtes, du commerce ou artisanaux, peu importe le système envisagé, il devra être correctement proportionné (il n'est jamais assez volumineux) et bien étudié (débit, nombre de chambres,sens de circulation, gravitaire, pression,...).
Les substrats ont aussi leur importance: ils servent de support aux bactéries et retiennent les impuretés. Certains ont des vertus particulières ( le charbon de bois retient les toxiques, la zéolithe absorbe l'ammoniac, les craies naturelles ou oxydées favorisent la minéralisation,...),.
Enfin, des "annexes" techniques ne sont jamais à dédaigner: Vortex, UV, ...
l'UV , par exemple, est pratiquement toujours indispensable à l'obtention d'une eau claire.
- Vérifier que la quantité de poissons préconisée n'est pas dépassée ( elle l'est généralement...)
- Contrôler le filtre:
-débit de la pompe en fonction du bassin, du filtre de l'UV (ni trop ni trop peu
-L'encrassement , (purger les chambres , vérifier le passage uniforme de l'eau)
- Nettoyage éventuel des masses filtrantes qui se colmatent (ne jamais nettoyer plus de 30% des masses filtrantes en 1 semaine)
- Vérifier l'UV: min. 2W/m3, changer la lampe chaque année, garder le quartz impeccablement propre, ...( plus de 30% des eaux vertes proviennent d'UVc sous dimensionnés, d'un mauvais entretien ou fonctionnement). -
-Vérifier l'état général du bassin: n'est-il pas nécessaire d'éliminer manuellement les vases, de retirer des poissons ou des plantes en excès, de faire un changement partiel de l'eau, de curer une lagune colmatée, ...?
- Corriger régulièrement la dureté
2 mesures sont primordiales: le KH et le GH
le KH (qui mesure le taux de carbonates) est essentiel pour la stabilité du bassin. Il joue par exemple un rôle d'amortisseur sur les variations de pH (le taux d'acidité). Si le KH est insuffisant , la respiration (photosynthèse) des végétaux (dont les algues) va provoquer l'acidification de l'eau (baisse du pH) consécutive à la production de gaz carbonique CO2 ( CO2 + HO=HCO acide carbonique).
Ce phénomène se produit la nuit. Le jour, ces mêmes végétaux vont inverser la photosynthèse captant ainsi le CO2. Il en résulte une remontée du pH.
De telles variations ( en cette saison des bassins légérement verts, avec un KH faible (inférieur à 4) ont un pH qui peut varier de 6 à 9 sur la même journée) sont plus que néfastes pour les poissons ( ces variations déclenchent fréquemment des maladies) mais aussi pour les "bonnes" bactéries, essentielles au recyclage de la matière organique.
Sans un pH stable, et donc, un KH asez élevé, inutile d'espérer une filtration et un recyclage performant à long terme de la matière organique*
Mesurer et corriger GH et KH est essentiel pour :
-stabiliser le bassin sur du long terme (pH,minéraux...)
-Eclaircir une eau verte
-Optimiser la filtration
-Garantir un recyclage efficace des vases
-Améliorer la dissolution de l'oxygène
Neutraliser de nombreux toxiques
De plus, le KH, comme le GH (ce dernier renseigne sur la quantité de calcium et de magnésium), participe à la précipitation des phosphates : une autre nourriture pour les algues.
Optimiser ces paramètres équivaut souvent à éclaircir une eau verte: les phosphates, en précipitant, ne sont plus accessibles pour les algues unicellulaires. Il est fréquent de voir des bassins correctement conçus, équipés d'un bon UV, et dont l'eau n'est pas parfaitement claire.
Dans ce cas spécifique, on remarque souvent que le KH (ou le GH) est très bas. Une correction avec BIO KH+ montre des effets surprenants en quelques heures.
D'autres arguments justifient le maintien d'une dureté adéquate. Elle mesure la quantité de minéraux.
Ces minéraux entrent dans la digestion (la minéralisation) de la matière organique. Sans minéraux, les performances de cette digestion sont amoindries.
Enfin, ces facteurs interviennent favorablement sur la dissolution des gaz (oxygène par exemple), sur la toxicité des poisons et l'éfficacité des traitements, sur la qualité du mucus, sur une multitude de réactions métaboliques,...
La dureté a toujours tendance à baisser, essentiellement en raison de l'apport d'eau de pluie acide et non minéralisée. Il est donc nécessaire de mesurer et corriger très régulièrement la dureté tout au long de l'année. On peut contrôler soi-même au moyen de tests faciles d'emploi.
(bandelettes qui permettent d'effectuer en une seule opération les principaux tests: pH,GH,KH,NO et NO3)
Diverses techniques de correction existent (produits, apport d'eau plus ou moins dure,...)
- S'interroger sur les apports ( l'alimentation )
Il est clairement établi que la nourriture des poissons est responsable du développement des algues. La quantité "d'engrais" apportée par cette nourriture est très variable d'un bassin à un autre.
L'épuration et la quantité de poissons évoquées ci-dessus jouent, bien-sûr, un rôle essentiel.
Cependant, la quantité et la qualité des apports doivent également être contrôlées pour maîtriser une prolifération anormale.
Le choix de l'aliment est essentiel. Un aliment mal adapté ( les besoins sont variables) ou de qualité médiocre aura un impact énorme sur la quantité de déchets produits.
Un ciblage correct des apports va diminuer les besoins quantitatifs du poisson. Si on donne un aliment adapté, le poisson finira par manger moins et polluera beaucoup moins...
Du point de vue de la quantité, les exemples varient (pour un bassin de 8-10m3) de quelques granulés à plus de..1litre de nourriture quotidienne (exemples vécus et non exceptionnels).
Un litre équivaut à un poids de 200 à 800 gr selon la qualité de l'aliment. Sachant qu'un aliment représente en moyenne 1/3 de protéines et que les protéines contiennent 1/16 d'azote (N), que c'est ce N qui est recyclé en nitrates (nouriture des algues), on entrevoit rapidement l'impact phénoménal de quelques granulés supplémentaires distribués à des poissons affamés en plein été.
La qualité est aussi essentielle que la quantité: chaque aliment va fournir des apports très variables. L'importance des déchets est par conséquent très variable. De plus, le poisson n'a pas les mêmes besoins tout au long de l'année. Si on veut tenter de diminuer ces déchets, il faudra s'adapter à ces besoins en modifiant la formulation de l'aliment au cours de la saison. Le commerce propose un éventail très large qui rend souvent le choix difficile.
On trouve le meilleur et le pire, des aliments généralistes ou très spécialisés ( développés spécifiquement pour la couleur, pour la santé, pour l'hiver,...), des programmes à donner en fonctionde la saison ou de la température. Comme pour la qualité de l'eau, le choix est essentiel.
Un bassin sur-filtré, de conception parfaite, régulièrement entretenu, avec une quantité modeste de poissons, alimentés de façon optimale,...
Autant d'atouts qui seront malgré tout rarement sufisants pour éviter l'apparition et la prolifération des algues. Des interventions extérieures sont souvent nécessaires. Là aussi, de nombreuses actions sont possibles.
Il existe 2 orientations possibles: l'action sur les causes favorisant les algues (agir sur la matière organique) ou sur les conséquences : c'est-à-dire les algues elles-mêmes.
- Agir sur les causes: optimiser l'épuration pour "affamer les algues"
Les besoins en nourriture des algues sont minimes. Elles se développent avec un rien. C'est pour cette raison que nos efforts (filtration,entretien,...) ne sont jamais récompensés à leur juste valeur. Comme il reste toujours un peu "d'engrais", ça pousse,ça pousse.
Pour obtenir un aspect irréprochable, il faut souvent s'aider de produits qui vont accélérer la dégradation de la matière organique, en la digérant, l'utilisant ou la minéralisant, de manière à raréfier tellement un (ou plusieurs) nutriment que la prolifération des algues est entravée.
C'est le type de fonctionnement des infusoires,ces organismes générés notamment par les préparations à base d'extrait d'orge, d'aulne, etc. De telles préparations sont souvent efficaces sur les algues filamenteuses par le biais d'un brunissement de l'eau (moins de lumière) et d'une compétition alimentaire entre les algues et les infusoires générés.
Les nombreuses préparations bactériennes dont l'efficacité n'est plus à démontrer agissent de la même manière: elles recyclent la matière organique, la rendant assez rare pour que les algues n'en trouvent plus suffisamment.
C'est probablement la meilleure façon de procéder pour obtenir un résultat à long terme. De plus, les bactéries (ou les levures) sont très actives dans l'épuration générale du bassin. Elles agissent aussi bien sur la clarté de l'eau, que les vases ou la filtration et les algues.
S'agissant d'un procédé naturel, les effets ne se font parfois sentir qu'àaprès plusieurs jours (ou semaines). Il est également possible que certains facteurs comme des températures trop faibles nuisent au développement ou à l'efficacité des bactéries ( la dureté est également essentielle comme expliqué ci-dessus).
Ainsi, la quantité et la potientialité des germes ne sont pas seuls responsables de l'efficacité d'un produit, le milieu auquel les bactéries vont devoir s'adapter sera souvent le facteur limitant du résultat obtenu.
Sur ce principe plusieurs méthodes montrent des effets surprenants. Des formulations "associées" permettent soit de favoriser l'implantation des germes en optimisant le milieu à leurs besoins (apports de minéraux, d'oligo-éléments, d'oxygène,...), soit en leur "mâchant la besogne".
C'est le cas de certaines préparations à base d'enzymes qui vont "prédigérer" la matière organique la rendant plus facilement "assimilable" par les bactéries. D'"autres techniques à l'éfficacité étonnante se basent sur l'association d'oxydants ou de minéraux "modifiés" dont le rôle est de digérer (digérer c'est oxyder !) ou de minéraliser la vase en synergie avec les microorganismes.
Les résultats surprenants sur les algues filamenteuses des associations telles que le "biobooster" et le "bactogen" ou encore l'efficacité d'argiles ou de mélanges de minéraux/oxydants comme l'"Oxygen"
Les techniques évoluent sans cesse. Les besoins sont très variables d'un bassin à un autre. Il est cependant préférable d'agir sur les causes à long terme que sur les conséquences de manière ponctuelle. L'association des 2 techniques peut toutefois être salvatrice (voir ci-après)
- Agir sur les conséquences: détruire les algues
Eliminer les algues rapidement et totalement, c'est possible. Des chimiques peuvent jouer ce rôle. Les quantités d'anti-algues dans le commerce démontrent l'intérêt des consommateurs
Ils sont performants et plus efficaces que les méthodes naturelles décrites plus haut. Pourtant, ils apportent rarement une satisfaction à long terme . Les algues détruitent se transforment rapidement en matière organique et, donc en engrais pour des nouvelles algues.
Dès que l'efficacité du produit diminue, les algues repoussent de plus belle. Utilisés seuls, ils conduiront dans une impasse après un temps variable en fonction du produit.
Les chimiques à action courte seront dégradés par l'environnement. Ils sont donc peu toxiques à long terme. Les anti-algues plus performants (dont l'action est durable) sont des poisons qui resteront dans l'environnement ( c'est le principe de l'effet sur la durée). Ils sont toujours toxiques à court, moyen ou plus souvent à long terme, pour les poissons et l'environnement.
Les métaux lourds, par exemple , se fixent de manière définitive dans les organes et induisent cancers, immunodépressions, insuffisances, allant jusqu'à des mortalités massives en cas de "réaction inattendue" trop fréquente.
L'utilisation de chimiques n'est toutefois pas à bannir totalement. Il est des situations où des mélangent reconnus viennent bien à point pour initier ou accélérer un processus de "remise à neuf" : à condition qu'il soit accompagné d'une intervention sur l'origine du problème (nettoyage, curage,...) ou de l'implantation d'une nouvelle souche bactérienne afin que les algues ne réapparaissent pas quand le chimique arrête ses effets!
Ainsi l'utilisation conjointe de "Filacid" (filamenteuse) ou de floculants "O'Clear" pour les eaux vertes, associés à une aspiration des paquets d'algues produits et de Bactogen ont fait leur preuve dans bien des cas.
Proscrire les poudres d'origine douteuse particulièrement les poudres miracles. Se méfier des produits trop efficaces trop longtemps.
S'assurer que l'utilisation d'un chimique est bien adaptée, voire nécessaire.
Toujours associer un traitement chimique avec une intervention externe (nettoyage, bactéries,...)
Avec l'aimable concours de l'équipe d'Aquatic-science