Les spécialistes du bassin de jardin
 
 

Les carnets du véto
 

S'il est une période peu favorable aux maladies, il s'agit bien de l'hiver.Avec la température, tout se ralentit. Les réactions chimiques (le métabolisme) des animaux à sang froid diminuent. les poissons se protègent au fond du bassin, ils s'arrêtent de manger, de grandir,...on dira qu'ils "hibernent" même s'il ne s'agit pas exactement du même phénomène.Il es est de même pour tous les pathogènes qui stoppent leurs activités néfastes pour quelques mois. Tous? Non. il y a malheureusement quelques organismes qui résistent à cet engourdissement et même certains ne vont s'exprimer que durant cette période; provoquant les problèmes développés dans cet article. Une problématique qui reste d'applicaton pour des températures inférieures à 15°C.

 
La variole

Nous commencerons par la variole. Cette maladie virale constitue probablement la majorité des questions et inquiétudes dès l'arrivée de l'automne.
En effet, les lésions cutanées typiques de cette maladie (attribuées à un virus appelé Herpes virus cyprini), qui n'apparaissent généralement que lorsque la température de l'eau est inférieure - 15-16°C, sont très visibles. Elles disparaissent généralement pendant l'été pour réapparaître, de manière plus étendue, au refroidissement suivant .

La peau, les nageoires,la bouche ou même les yeux se couvrent d'une , de plusieurs ou de nombreuses plaques blanchâtres (ou grisâtres) mesurant quelques millimètres à quelques centimètres de diamètre sur 1 à 2 mm d'épaisseur. On les compare souvent à des tâches de cire de bougies. Elles ont tendance à s'agrandir même si elles évoluent lentement. En général, les lésions affectent peu le poisson bien que l'on puisse remarquer un affaiblissement ou un retard de croissance des individus atteints. Dans quelques rares cas, les poissons sont tellement atteints qu'ils peuvent succomber à la maladie ou aux infections secondaires à celle-ci. Le virus provoque des modifications de l'épiderme cutané qui prédisposent la peau aux infections bactériennes par exemple. On observe parfois des zones rougeâtres en périphérie de la tâche, signant un début d'ulcération. On peut aussi remarquer des blessures causées par l'irritation et le frottement du poisson sur les pierres ou les parois du bassin.
Même si elle est relativement bénigne, la variole n'en est pas moins contagieuse. Le virus se transmet par contact entre les individus et les lésions se développent en 60 jours à 10°C, 30 jours à 15°C.

Un des problèmes de cette pathologie est que les lésions ne sont pas toujours présentes lorsqu'on achète les poissons, en général en été quand l'eau est plus chaude. Ceux-ci peuvent être porteur du virus (porteurs sains). On prend alors le risque d'introduire la maladie dans notre bassin. La sensibilité à ce virus semble fortement dépendre tant de l'individu (sa résistance propre), que de l'environnement; ce qui explique que certains poissons ne développent jamais de lésions. La sensibilité individuelle serait influencée par des facteurs génétiques (la sursélection). Les situations stressantes (surpopulation, certains poissons plus affaiblis au sortir de l'hiver,...) et la qualité de la nourriture distribuée jouent aussi un rôle indéniable via l'effet qu'ils ont sur l'immunité et la résistance des poissons.
Comme pour toute infection virale, il n'y a pas de traitement réellement efficace. j'ai toutefois remarqué que les lésions avaient tendance à diminuer ( et même à disparaître chez la majorité des individus) d'année en année suite à la distribution d'aliments très riches en vitamine C et en glucanes (polymère du glucose) ou suite à l'administration de suppléments réguliers de cette vitamine. La vitamine C est soit directement diluée dans l'eau ou, mieux, incorporée à l'aliment, ce qui augmente la quantité absorbée par les poissons. Les effets de telles actions ne se font toute fois sentir qu'après plusieurs saisons.

Vu l'absence de traitement réellement efficace, seules des mesures de prévention permettent d'éviter la contagion et la propagation de la maladie.
Il faut:
- séparer les poissons malades des poissons sains, même si es lésions ont disparu
- pratiquer une quarantaine longue (qui devrait alors inclure une période hivernale)
- améliorer les conditions sanitaires de la pièce d'eau, éliminer les facteurs environnementaux de stress, administrer un aliment de haute qualité, des suppléments en vitamine C,...


Les parasitoses

Les sangsues
Les sangsues occupent probablement la 2 ème place  des organismes bien actifs en hiver. Il existe de nombreuses variétés de ces organismes bien connus  des amateurs de bassin. Leur taille varie de quelques millimètres à quelques centimètres.
Leur couleur est généralement sombre, bien que très variable selon la variété. l'une des caractéristiques communes à toutes les sangsues est qu'elles possèdent une ventouse qui leur permet de s'accrocher à un support. Si ce support est le poisson, elles vont lui sucer le sang entraînant parfois des dommages catastrophiques de la peau ainsi qu'un stress et un affaiblissement parfois important. Elles sont aussi responsables de la transmission de parasites sanguins tels que Trypanasoma sp. ou Trynanoplasma sp. et peuvent inoculer certaines bactéries.

En général, les sangsues rencontrées dans nos bassins sont introduites avec les plantes trouvées dans le commerce.
Ces variétes sont parasites occasionnels des poissons, préférant nettement se nourrir des végétaux. Les sangsues piscicoles, parasites des poissons, sont moins fréquentes car rarement introduites avec les nouveaux individus et peu fréquentes dans ces plantes cultivées.

Quel que soit le type, si elles posent plus facilement des problèmes en hiver, c'est principalement dû au fait que les poissons se tiennent au fond et sont moins vivaces, ce qui permet aux sangsues de s'y accrocher plus facilement.Il est donc fréquent de voir des bassins remplis de ces sangsues végétariennes sans en trouver sur les poissons alors que ceux-ci en sont couverts en hiver.
Il n'est pas évident de se débarrasser définitivement de ces organismes. La première raison réside dans le fait que la majorité des molécules efficaces sont en effet interdites d'utilisation dans nos bassins. La 2ème raison est que les oeufs ne sont pas sensibles aux traitements. On voit alors les sangsues mourir rapidement suite à un traitement efficace pour réapparaître quelques semaines plus tard comme si rien n'avait été fait. La seule solution consiste alors à répéter le traitement de manière régulière afin de l'éliminer les organismes fraîchement éclos avant que ceux-ci n'aient eu le temps de pondre de nouveaux oeufs. Ca, c'est la théorie! En pratique, ceux qui ont été confrotés à ce problème savent qu'il n'est pas si évident de s'en débarrasser définitivement. Il a parfois été nécessaire de retirer les poisssons, en ôtant manuellement toutes les sangsues accrochées sur leur corps. Il furent alors acclimatés dans un autre bassin avant le traitement du bassin avec des doses de produits trop élevées pour être supportées par les poissons.
Enfin, il n'est pas inutile de rappeler que certains traitements sont toxiques pour certaines espèces de poissons:
le Macrocid par exemple n'est pas supporté par des ides mélanotes et des traitements répétés au métacid seront néfastes pour les poissons rouges,voiles et autre shubukins.
Au côté de ces problèmes facilement identifiables car visible à l'oeil nu, il en est 2 autres, microscopiques, qui, même s'ils représentent généralement un fléau en saison chaude, peuvent se développer et exercer leurs effets néfastes à 4°C, température du fond du bassin lorsque la surface est gelée. Il s'agit de Costia et Chinodonella.

Costia

Costia se développe à des températures aussi basses que 2°C. Même s'il provoque généralement des problèmes durant l'été quand la température de l'eau est chaude, c'est un des rares parasites microscopiques  que l'on peut rencontrer en hiver. Costia est un petit protozoaire ( c'est-à-dire formé d'une seule cellule) flagéllé, à peine plus gros que les globules rouges de la Koï. il mesure de 5 à 15 µm (1 µm=1 millième de millimètre).
Il n'est pas facile de le repérer au microscope, son identification se fait principalement par son déplacement: il bouge vite et ressemble à une virgule qui se déplae en vrillant.
Lorsqu'il est, de quelques secondes à quelques minutes, sur la lame, il s'arrête de bouger, replie son flagelle le long de son corps et ressemble à n'importe quelle autre cellule du mucus prélevé. Il est alors pratiquement impossible de l'identifier. Pourtant, la présence de quelques Costia est toujours dangereuse car ce parasite se reproduit très rapidement et les dégâts qu'il cause sont immenses.

Chilodonella

Moins fréquent que Costia, il n'est toutefois pas rare d'être confronté à chilodonella. Ces protozoaires siliés infectent aussi la peau et les branchies. Ils sont ovoïdes, aplatis et peuvent vaguement être comparés à la forme schématique que l'on donne au coeur. Ils sont plus gros, mesurent de 50 à 70 µm et possèdent des cils disposés en rangées. Dans la littérature, on peut lire que le parasite s'enkyste en dessous de 12°C, mais même si la forme change, j'ai observé des lésions importantes en cas de forte infestation. Ils se déplacent plus lentement que Costia lorsqu'on les observe au microscope. Le frottis de mucus doit aussi être rapidement observé car l'organisme meurt quelques minutes après le prélèvement et on ne le voit plus bouger (il est toutefois toujours identifiable contrairement à Costia).
Ceci est d'autant plus rapide en hiver lorsque le prélèvement subit une variation de température vers le bas ( s'il gèle dehors) ou vers le haut (si on s'est conforteblement installé à l'intérieur).
Ces 2 parasites se multiplient par simple division d'eux-mêmes. Il vont donc rapidement envahir le poisson qui devient malade.
Il peut se couvrir d'un film blanchâtre (hyperproduction de mucus), avoir des difficultés à respirer ( hyperplasie et nécrosedes branchies), il peut chercher l'oxygène ou se coucher sur le fond, incapable ee fournir le moindre effort, même si la température se réchauffe. L'évolution de ces maladies peut être tellement rapide que des poissons risquent de mourir sans que l'on est observé le moindre signe.
Au vue des lésions et des symptômes provoqués, le premier réflexe qui s'impose est d'augmenter l'aération et de traiter rapidement.
En été, il est relaltivement facile de se débarrasser de ces parasites. En hiver, par contre, la majorité des traitements efficaces sont dangereux et leur utilisation est trop risquée pour les poissons.

Il est donc important de prendre la précaution de vérifier l'état sanitaire du bassin bien avant que la température de l'eau ne passe sous les 10°C, température critique pour l'administration de nombreuses substances.





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